"Quand les Français entreprennent la conquête de l’Algérie en 1830, ils découvrent un système d’enseignement coranique, qui dispense aux jeunes garçons une alphabétisation à base religieuse, dans les msids des villes et dans les tentes-écoles des tribus. Quelques milliers d’autres élèves reçoivent dans les médersas ou dans les zaouïas un enseignement plus élaboré, notamment en grammaire et en arithmétique."
Musée National de l'Éducation - Réseau Canopé
"M. le général Bedeau, dans un excellent mémoire que M. le ministre de la Guerre a bien voulu communiquer à la Commission, fait connaître qu'à l'époque de la conquête, en 1837, il existait, dans la ville de Constantine, des écoles d'instruction secondaire et supérieure, où 600 à 700 élèves étudiaient les différents commentaires du Coran, apprenaient toutes les traditions relatives au Prophète et, de plus, suivaient des cours dans lesquels on enseignait, où l'on avait pour but d'enseigner l'arithmétique, l'astronomie, la rhétorique et la philosophie. Il existait, en outre, à Constantine, vers la même époque, 90 écoles primaires, fréquentées par 1.300 ou 1.400 enfants. "
On le voit à travers cet extrait, les communautés citadines algériennes n'ont pas attendu la colonisation pour se préoccuper de l'instruction de leurs enfants. Elles reprenaient en cela une tradition déjà multiséculaire présente dans tout le monde arabo-islamique, de l'Atlantique aux confins de l'océan Indien.
"La constitution de ces medersas publiques par les sultans seldjoukides marque un véritable tournant dans le système éducatif de l’Islam. Elles enseignent les « sciences » qui étaient divisées à l’époque en deux branches. Tout d’abord les sept sciences de tradition (le Coran, le Hadith, le droit, la dogmatique, la mystique, l’explication des songes et les sciences linguistiques), et les sept sciences de raisonnement (la logique, la science des nombres, la géométrie, l’astronomie, la science des sens, la science des corps et la métaphysique). Conquise partiellement lors du règne du souverain Alp Arslan (1064-1072), l’Asie Mineure bénéficie donc comme le reste de l’empire de cette réforme publique prônant un nouveau modèle éducatif. De nombreuses medersas sont ainsi construites au XIIème siècle en Syrie par les princes et hauts dignitaires du royaume dans une politique de réarmement moral face au péril des croisades. Ce modèle de medersa se transmet en Afrique du Nord, musulmane depuis le VIIIème siècle, comme l’atteste la création de la medersa Bou Hananiya au Maroc. (...) Ce qui compte dans une telle institution est d’avantage la relation maitre-élève que l’institution elle-même, dont les règles sont souvent souples."
C'est dans un esprit de continuité historique et de revendication de nos racines que nous reconnaissons l'influence du système traditionnel d'instruction dans notre démarche. Outre l'initiation religieuse et morale des enfants, nous promouvons avec fierté la transmission du patrimoine culturel algérien: chansons, poèmes, expressions populaires, artisanat, instruments de musique, oeuvres d'art, célébrations...
Nous nous interdisons cependant l'infliction de tout châtiment corporel ou brimade verbale, reconnaissant par là les apports de la modernité.